Sandy Billabong
Ecrit par ALaure / samedi 25 octobre 2003Ce soir, il faut monter le camp. Pas de tentes toutes prêtes, pas de douches non plus d’ailleurs ce soir… On camp à deux pas de la rivière, habitat naturel de crocodiles d’eau douce mais aussi de quelques crocos d’estuaires… De quoi passer une nuit sur ses deux oreilles… ! En plus, le guide nous explique qu’une touriste est morte là l’année dernière, déchiquetée par un croco. On est tous un peu horrifiés et il nous rassure.
Le groupe en question avait bu plus que de raison et est allé se baigner où c’est strictement interdit. Et si c’est interdit, c’est pour une bonne raison : il y a des crocodiles d’estuaire, les plus dangereux qui tuent tout ce qui se présente à portée de mâchoire. Cette touriste allemande l’a appris à ses dépends. Mourir aussi bêtement, moi j’appelle ça de la sélection naturelle ! Faut être crétin, même éméché, pour aller narguer des crocodiles. En même temps, il y a une part de responsabilité du guide qui les a laissés seuls près de la berge.
Le camp est vite monté et surprise ! Ce soir, pas de douche, mais un repas de rois : des steaks de kangourous et des saucisses de buffles cuits au barbecue sur le feu. Les saucisses ont très épicés, mais pas grasses du tout, ça n’est pas mauvais mais je ne suis pas une grande fan de saucisses. Par contre, le kangourou est cuit de façon et c’est un délice. C’est aussi fin qu’un steak de cheval pour ceux qui connaissent. Le tout au son des Red Hot Chili Pepers et de Californication : extra !!!
Dans le groupe, on en vient à parler des viandes « bizarres » qu’on a essayées. Il parait que le crocodile a un goût de poulet et une consistance de steak de boeuf, pas terrible d’après les personnes concernées. L’ornithorynque est une chère plutôt flasque et grasse, pas terrible non plus apparemment. Mais je vous conseille le kangourou, c’est délicieux. Le seul ennui c’est qu’il faut que ce soit vraiment cuit à point. Si c’est trop cuit, ça devient de la semelle de cuir immangeable.
Le repas terminé, nous partons pour une marche nocturne le long des berges, dans l’espoir de voir la faune sauvage à l’aide d’un gros spot. Pas de crocodiles, c’en est presque dommage ! Pas contre, on croise pas mal de grenouilles absolument énormes. J’ai juste le temps d’en prendre une en photo quand le guide shoote dedans comme dans un ballon de foot. Un peu bizarre… En fait ces grenouilles sont des plaies. Leur contact est toxique pour les autres animaux, et elles rendent les gens malades. Elles font des ravages dans la faune et ne sont pas du tout originaires d’Australie. D’après le guide, elles ne méritent pas d’être là et il faut les éliminer dès que possible. De là à tirer un penalty à chaque fois… c’est un autre débat.
Le feu de bois est l’occasion de discuter un peu avec les autres. Les deux allemands Torsthen, (directeur d’équipe de chercheurs R&D en chimie des plastiques) et Brigit, la guillerette me réconcilient avec les touristes allemands. Pour le moment, ceux que j’ai rencontrés étaient plutôt du genre radin et égoïste. Un peu comme Romi… Cette blonde qui pourrait illustrer une pub de bière bavaroise avec ses nattes me fait beaucoup rire. Je l’ai surnommée Bimbo de la jungle.
Absolument tout l’incommode, la chaleur, les mouches, le 4×4 qui bouge trop et surtout notre gros gabarit d’anglais. Pour la chaleur et les cahots de la route, on est tous à la même enseigne. Pas de quoi en faire un drame. Et puis dans un sens, c’est normal de partager un espace réduit en fonction du gabarit des gens. Avec mon mètre cinquante, je n’ai pas besoin d’autant de place qu’Edouard et son mètre 80 et ses 90 kilos. Le plus drôle, c’est qu’on est au milieu de nulle part, mais elle continue à se maquiller précieusement le matin. Avec une moiteur pareil autant dire que du fond de teint et du mascara ne sont pas les bienvenus… Sans parler des baignades qui font couler tous ça… Enfin bon, chacun son truc 😉
Edouard l’anglais et Rachel, sa copine font plutôt bande à part. Edouard me prédit avec une condescendance folle un 36-24 pour le match France Ecosse, en faveur des Highlander bien sûr ! Pff… De mon côté je mise sur 19-18 pour les bleus. Le groupe de gallois est assez rigolo même si je ne comprends que la moitié de ce qu’ils racontent avec leur accent à couper au couteau.