Paris au début du XXème siècle. La tour Eiffel a à peine vingt ans, elle est superbe et son bois blanc étincelle le jour et vibre en une douce chanson les soirs de pleine lune. A ses pieds, au milieu des parisiens, se côtoient toutes sortent d’individus, des fées, des mages, des elfes, des gnomes. La Seine est le lieu de prédilection de sirènes , les fontaines par des ondines nues et les parcs abritent des dryades et des saules rieurs, des chats-ailés parcourent les toits de la ville.
Vous l’aurez compris, il ne s’agit pas de Paris telle que nous la connaissons, de notre Paris en quelque sorte, et pourtant… Louis Griffont, en sa qualité de mage du Cercle Cyan mène une enquête sur un trafic d’objet magiques. La baronne de Saint Gyl quant à elle tente de récupérer le fruit de son travail, disons particulier. Suivons-les !
Ce dernier roman de Pierre Pevel est très différent de ceux de la série du Chevalier de Wielstadt. Cette fois, la magie opère au grand jour et a une part dans l’intrigue beaucoup plus importante. L’atmosphère est tout de suite proprement envoûtante. Paris, de l’île Saint-Louis au parc de Buttes Chaumont y apparaît à la fois très familière et complètement mystérieuse avec ses passages vers l’OutreMonde et sa capitale, Ambremer.
La richesse des personnages principaux et secondaires nourrit le roman de détails appréciables. De la mystérieuse baronne de Saint-Gyl au titi parisien gouailleur qui l’accompagne, tous sont crédibles et terriblement attachants. L’auteur joue d’ailleurs à merveille des niveaux de language, des accents et des phrasés en fonction du personnage à qui il prête voix.
Une autre particularité du roman est le dialogue et finalement le jeu qui s’instaure petit à petit entre l’auteur et son lecteur. Pevel ne manque pas de faire des remarques sur l’histoire, de prendre à partie l’auditoire tel un conteur qui harangue une foule pendue à ses lèvres. D’ailleurs l’histoire est entraînante, comme dans un bon Arsène Lupin, avec un héros attachant comme Indiana Jones ou Han Solo. Les disputes du duo Griffont/Saint Gyl sont un délice.
Un excellent petit roman (seulement 350 pages) à savourer sans ménagement au coin du feu. Vivement la sortie du deuxième tome, l’Élixir d’Oubli en poche.
Pierre Pevel
Les Enchantements d’Ambremer | ISBN 978-2842281755 | Le Livre de Poche
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