Les premières pages donnent le ton, il faut s’accrocher. Une grille de lecture est donnée plus loin par Belbo, l’un des trois personnages principaux, ici critique littéraire : la première partie d’un livre doit toujours asseoir le lecteur. L’accrocher. Et effectivement, les 70 premières pages du livre sont d’un touffu ! On ne voit pas du tout où l’auteur cherche à nous emmener.
La suite devient plus claire. Casaubon, le narrateur, est un étudiant italien qui rédige une thèse sur les Templiers dans les années un peu folles qui ont précédé 68. Il fréquente un café littéraire et politique Chez Pilade où il rencontre Belbo (le critique) et Diotallevi (l’homme qui voulait être juif), deux employés des Editions Garamont de Milan. On va suivre ces trois personnages pendant une vingtaine d’années.
Autour d’eux gravitent quelques autres personnages : Garamond, le directeur des éditions du même nom, Aglié, un aristocrate qui se prend pour le Comte Saint-Germain, Lorenza, une jeune femme des plus frivoles et Lia, la terre-à-terre. Casaubon nous raconte de manière très détaillée l’histoire des Chevaliers du Temple et de leurs nombreuses relations.
Un jour, un homme vient les voir pour leur présenter un document inédit, partiellement effacé, retrouvé dans la Grange aux Dîmes de Provins et attribué aux Templiers. Le lendemain, l’homme disparaît mystérieusement. Les trois compère se retrouvent alors mêlés de près ou de loin à un Plan pour élucider le mystère du message de Provins. Et là tout se complique à nouveau, pour ne plus jamais reprendre un chemin droit. Les références s’entrecroisent. On navigue (et se noie) entre les baconiens, aux pauliciens, en passant par la Secte des Assasins, les Juifs, les rosicruciens, les Francs-maçons, Jim de la Papaye (c’est qui celui-là ?!?), la numérologie, la Kabbale et Hitler…
Bref, l’intrigue se déroule comme dans un polar mais tout se passe dans la tête du narrateur. Tant et si bien que plus rien ne parait vrai ou imaginé. Tout est confus. Et au milieu, oscille le Pendule de Foucault, introduit en grandes pompes dès la première page mais qui n’a un rôle déterminent que dans les dernières pages, après un flashback de 20 ans (et quelques 550 pages).
Au final que retient-on ? Assurément que ce livre fait réfléchir sur tout un tas de sujets aussi variés que les sociétés secrètes, les rites, les traditions, l’amour, le moment de chacun et sa quête perpétuelle, le concept d’innovation, l’Histoire, son interprétation et… le métro. Les parties sont assez inégales (j’ai adoré le long passage sur l’histoire des Templiers et détesté les années au Brésil). Certains passages sont tordants comme l’explication du fonctionnement des éditions milanaise et l’arnaque généralisée des pauvres bougres promus auteurs.
C’est bien évidemment une critique de l’ésotérisme et de ses adeptes. Les liens sont de plus en plus ténus. A la fin (une apothéose dans la genre…), un rien devient un symbole de tout (la tour Eiffel comme pompe à courants énergétiques souterrains… excuse me but…) Tout cela pour nous dire que le plus grand des secrets, c’est qu’IL N’Y A PAS DE SECRET ! Je ne dévoile rien, c’est clairement expliqué près de la page 100 et pas en page 649, comme on pourrait s’y attendre. Quoi ? La théorie du complot intergalactique est une foutaise ? Ben on le savait déjà ! Alors s’enquiller les 650 pages pour ça, c’est un peu rude.
Mais je le reconnais, ce livre fait réfléchir.
6 commentaires pour “Le Pendule de Foucault”
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Quelque chose à dire ?
Bonjour, j’ai lu il y a peu de temps l’ouvrage d’U. Eco dont vous parlez et c’est en tapant Jim de la Papaye sur un moteur de recherche – par curiosité – que je tombe chez vous.
Il est bien possible que depuis votre lecture, l’eau ayant coulé sous les ponts, vos centres d’intérêts vous aient éloignée de ce livre, mais je tenais à attirer votre attention sur un autre niveau de lecture que vous avez négligé et dans lequel réside pour moi le réel tour de force de l’auteur.
Comme vous l’avez remarqué, l’un des protagoniste est un littéraire, mais surtout, il est philologue. Il remonte donc aux sources et fait profession du « savoir-lire ».
Or dès le début, Eco fait allusion de manière discrète aux théories littéraires, et plus particulièrement au déconstructionnisme qu’il a critiqué dans ses propres travaux universitaires. Il glisse même de manière maligne le mot « différance », graphie directement empruntée à Derrida, qui a formulé la théorie déconstructionniste.
La lecture préalable d’un livre comme « Les Limites de l’interprétation », du même Eco, permet de jouir automatiquement de ce niveau de lecture du livre.
La grande question est : peut-on faire dire ce que l’on veut à un texte, mais par dérivation aussi, peut-on faire dire ce que l’on veut à l’Histoire, et quid d’un sens hypothétique de la vie. On trouve peut-être la formulation la plus concise et la plus nette de cette problématique lors du dernier entretien de Diotallevi et Belbo, notamment un très beau paragraphe de la page 577.
Bref, Eco, à travers un roman qui peut se lire comme un polar ésotérique – qui brasse un nombre très conséquent de références exactes, fruit d’une documentation copieuse ! – en fait également une manière d’exprimer son propre travail de sémiologue, de théoricien du sens, sans jamais alourdir son ouvrage. Je dois dire que je suis admiratif devant ce tour de force.
Écrit par Zibaldone, le jeudi 23 juillet 2009
Ça fait juste le sixième fois que je relis le Pendule,pas parce que je suis nul, mais bien parce que j’adore ce livre,Jim de la Papaye a bien existé !!…
Écrit par J'Aime la papaye, le mercredi 22 septembre 2010
Ah oui pour les amoureux de Sorti et Monaldi qui ont écrit IMPRIMATUR et SECRETUM , bien vous allez être déçu , le dernier soit Secretum, a été publié en 2004 ,le prochain , VÉRITAS est déjà sorti en Allemand , Tchèque, Catalan depuis 2006,Après beaucoup d’obstination , je suis tombé chez l’éditeur PLON qui est aussi éditeur des auteurs , le livre Véritas traduit en Français sera déposé chez Plon qu’en novembre 2011 !!!! j’ai bien écrit »déposé » après faut l,imprimer et le distribuer, ce qui nous amènera en 2012 !!! Soit 6 années plus tard !!Juste à temps pour publier le prochain livre, MYSTERIUM. Selon des informations une chicane de contrats entre traducteurs et auteurs et autres est la raison du petit retard
Écrit par J'Aime la papaye, le mercredi 22 septembre 2010
J’ai lu et relu le Pendule …6 fois !!! Pas que je sois nul , j’adore ce livre,si je devais passer une dizaine d’années en prison ,j’y apporterais le Pendule !!
Écrit par J'Aime la papaye, le mercredi 22 septembre 2010
J’AI LU AVEC GRAND INTÉRÊT LE PENDULE.
JE L’AI COMPRIS COMME UN ROMAN D’AMOUR POUR HOMMES À L’AMÉRICAINE. UN SORTE DE ROMAN À LA SERGIO LEONE…
EN AMÉRIQUE, ROYAUME PAR EXCELLENCE DE L’AUTOMOBILE, LES ALLÉGORIES ENTRE LES AUTOMOBILES ET LES FEMMES SONT NOTOIRES. AUSSI, LE DÉBUT DU ROMAN QUI SE DÉROULE DANS LA SECTION DU MUSÉE OÙ SE TROUVENT LES VIEILLES AUTOS NOUS RELIE À CE SYMBOLE. ET L’AUTEUR ÉPOUSE DU REGARD LES AUTOS À LA FACON D’UN AMOUREUX QUI DÉCOUVRE LE CORPS DE SA BIEN-AIMÉE LORS DE SES PREMIERS ÉBATS AMOUREUX À L A FACON D’UN PAPILLON.
DE PLUS, LE NARRATEUR NOUS FAIT VIVRE UNE QUÊTE ÉSOTÉRIQUE QUI VA DOUCEMENT S’ATTÉNUER POUR DONNER PLACE AUX HISTOIRES D’AMOUR QUI SAUVERONT L’AUTEUR, DE SON PROPRE AVEU, DU DESTIN FATAL QUI ATTENDRA LES PRINCIPAUX ACTEURS DU LIVRE…
LE RESTE, SELON MOI, N’EST QUE DE LA POUDRE AUX YEUX QUI ÉLOIGNE LE LECTEUR DE LA TRAME PRINCIPALE DU LIVRE, UN BEAU ROMAN D’AMOUR.
ET COMME M ÉCO EST PHILOSOPHE ET SÉMIOLOGUE…
ET NOUS AVONS MAINTENANT NOTRE PENDULE A MONTRÉAL, À L’ÉTS.
Écrit par FOUCO, le dimanche 11 mars 2012
PS: SUR MON COMMENTAIRE
À LIRE EN SÉFIROTANT UNE GRAPPA… ITALIENNE…
Écrit par FOUCO, le dimanche 11 mars 2012