Nous sommes allés voir le dernier Sofia Coppola : Marie-Antoinette. J’avais eu l’occasion de voir la bande annonce très « Rock’N Roll » qui m’avait donné très envie de voir le film. Je n’ai absolument pas éte déçue.
D’abord, l’évocation de la vie de Marie-Antoinette m’a rappelé le Lady Oscar de mon enfance. Il y a la même tendresse qui se dégage des deux adaptations. Peut-être parce que les deux réalisatrices sont des femmes. Ce qui est plus étonnant est que l’une est américaine, l’autre japonnaise. Et c’est une actrice américaine qui joue un rôle d’autrichienne, française par alliance. Pas une française pour parler de l’une des plus célèbres de ses reines. Il faut dire que chez nous on leur coupe la tête.
C’est là un autre aspect intéressant du film. Tout comme dans Titanic, personne n’ignore la fin tragique de l’histoire. Pourtant, on se laisse porter par Kirsten Dunst (Spider-Man, Virgin Suicides, Entretien avec un Vampire) qui a là un rôle magnifique, dans la vie trépidante de cette reine incomprise, frivole, dépensière, sotte, seule, mal-aîmée de la Cours et détestée du peuple qui la fera guillotiner à Paris, le 16 octobre 1793. L’actrice arrive à jouer tous les aspects de Marie-Antoinette avec brio. Les émotions de cette reine, femme, enfant sur les épaules de laquelle repose une pression collossale sont sincères. Elle passe de l’enfant de 14 ans qui réclame son chien à la femme adulte et mère qui fera face aux révolutionnaires, en passant par la fille docile qui se laisse manoeuvrer par sa famille autrichienne. A noter aussi la jolie prestation d’Asia Argento (La Sirène Rouge) en Mme du Barry intrigante qui oppose son pouvoir de favorite du roi à celui de la dauphine.
La manière dont Sofia Coppola (Lost in Translation, Virgin Suicides) nous présente cette vie de cours, presque à huis clos, est exquise. La scène de « campagne » au Petit Trianon est superbe par son côté désuet et tellement « à côté de la plaque ». La mise en scène est vraiment originale, on l’a dit et redit, mais la réalisatrice assume très bien ses choix et les anachronismes musicaux viennent renforcer encore l’histoire racontée. Je pense que la musique joue ici un rôle primordial. Le souci du détail y est constant (les tenus, le mobilier, les accessoires, les figurants…) et la bande originale est un fil conducteur dans les joies, les peines et les passions de la reine. A travers la musique, le personnage devient humain et attachant malgré tous ses défauts.
Comme dans Lost in Translation, la solitude à une importance particulière dans ce film. Le palais grouille de monde et pourtant Marie-Antoinette est seule. Elle « compense » par ses frivolités. C’est un thème constant chez Sofia Coppola. Elle joue de la musique, des couleurs et des rythmes pour évoquer la vie d’une reine au destin tragique. Mais le spectateur est parfois pris à conte-pied comme dans la scène de la brioche, réplique la plus célèbre de Marie-Antoinette.
C’est à mon avis une vraie réussite. Mais je comprends très bien que certains puissent ne pas aimer. C’est disons… particulier. Que l’on aime ou pas, attention à ne pas se laisser gâcher un peu le film par la bande annonce qui en montre trop ou pas assez, selon les goûts.
Quelque chose à dire ?