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Le collectionneur est un être ordinaire atteint d’une passionite chronique. C’est quelqu’un que vous croisez peut-être tous les jours sans soupçonner le mal qui le ronge. Il vous ressemble, à sa petite spécificité près. Il vous a peut-être contaminé mais vous ne le savez pas encore. J’héberge sous mon toit l’un de ces spécimens somme toute très attachant. Il en est à sa troisième rechute. Décortiquons ensemble cette maladie parfois désopilante…

La passionite est plus ou moins développée selon les individus. D’illustres savants se sont penchés sur le cas de cette mutation génétique de la fibre acheteuse. La première étape est le zèle du portefeuille. Dans sa phase plus ou moins terminale, elle devient la bourse déliée compulsive. Et là c’est le drame…

Avant d’en arriver là, le collectionneur cherche. C’est la phase de traque. Elle est généralement longue car une collection qui n’est pas complète n’est pas vraiment une collection. Il recherche, fouille, creuse, fouine, potasse et étudie de longues heures l’objet de sa prochaine rechute. A ce stade, la maladie est encore bénigne. Le malade n’est dangereux ni pour vous ni pour lui-même. Au pire il vous assomme des résumés de ses pérégrinations mentales. Rien qu’un efferalgan ne pourra contre-carrer.

Mieux, la compulsite en phase bénigne a un effet bénéfique : le sujet peut devenir un professionnel du web et de ebay en particulier. Le mien a développé un flair certain pour les annonces qui vont être intéressantes et celles qui cachent de petits trésor très mal vendues. Celles qui comportent une faute qui bloque les moteurs de recherche — mais pas lui ! — par exemple. Il connait les bugs d’ebay et sait les déjouer. Un vrai hacker d’annonce, vous dis-je !

Une fois cette phase d’étude passée, l’acte d’achat commence. Si l’un de vos proches développe les symptômes précédents, il est peut-être encore temps d’agir. Mais faites vite. Car savoir que l’on veut tel ou tel objet ne répond pas aux questions existentielles comme « où vais-je l’acheter » et « à quel prix ? ». Là encore de longues heures sont nécessaires pour savoir si on va enchérir sur une annonce, acheter en ligne ou — ultime sacrifice — se déplacer dans un magasin physique. Dans cette phase, le sujet va passer son temps à calculer au centime près les avantages et inconvénients de tel ou tel vendeur. Si votre collectionneur est en plus doublé d’un maniaque — hé oui, j’ai tiré le gros lot ! deux pathologies en une 😉 — d’autres critères vont entrer en ligne de compte. En particulier l’état de l’objet. Presque neuf ne veut pas dire presque neuf pour tout le monde et surtout pas pour lui. Soyez-en certaine.

Pourtant, une fois la décision prise, elle est irrévocable 1. Il a donc enfin en possession l’objet de son vice. La maladie touche à sa fin… jusqu’à la prochaine rechute. A ce stade, sa seule préoccupation — et donc la votre si vous habitez sous le même toit — va être de savoir « mais où vais-je stocker ça ! ». Certaines passions prennent une place folle. Les jetons de caddie ça va encore. Pour des figurines de Star Wars grandeur nature, ça peut devenir gênant. A moins que vous ne rêviez de Han Solo dans votre chambre. Chacune son truc 😉

Mais attention, le problème de place est peut-être votre porte de salut. On entre alors en phase de désintéressement ou désintoxication selon le degré de perdition atteint dans les phases précédentes. Car le collectionneur peut changer de passion comme de chemise, sauf bien sûr, s’il collectionne les cravates. A ce stade, il est fort possible que le sujet en vienne à revendre sa collection. Un drame pour certains, une aubaine les centaines d’autres perdus d’avance. La collectionnite est contagieuse et nécrophage, elle se nourrit des collections tombées en disgrâce chez d’autres malades.

Notez qu’en phase de revente le collectionneur peut devenir un redoutable receleur. Car ayant développé une connaissance poussée d’ebay, il est capable de revendre sa collection plus chère que sa valeur d’achat. Il est alors pardonné sans condition. Et finalement, il ne lui en aura coûté que des heures de recherches — mais avec un bébé c’est bien utile entre 5h et 8h du matin 😉 –, pas mal d’énergie et un peu de place sur les étagères.

  1. C’est en tout cas ce que le collectionneur essaye de vous faire croire. Mais la vérité le rattrape parfois : il est capable de changer d’avis et d’annuler une commande en cours après avoir réfléchi de nouvelles heures au pour et au contre. Remarquez que seuls les imbéciles ne changent pas d’avis. Vous pouvez donc vous rassurez sur l’intelligence de votre collectionneur 😉

3 commentaires pour “Ma vie avec un collectionneur”

  1. Coucou,

    Bon mais avec tout ça, on ne sais toujours pas ce qu’il collectionne ce vicelard !
    😉


    Bises,
    Loïc

  2. Alors… 2007 a été l’année du retour aux sources : une collection de LEGO « pour se rappeler sa jeunesse ». Principalement la game Star Wars. Coup de bol pour moi, la game Indiana Jones n’était pas encore disponible — mais ne le dites pas trop fort, il pourrait se souvenir… 😉 — Après quelques mois, il a revendu une partie de sa collection la plupart du temps avec profit. Incroyable !
    Ensuite, on avance dans le temps. 2008 : on se rappelle son adolescence et on collectionne les jeux de rôle. Star Wars toujours, mais aussi Warhammer, Donjons et Dragons, Miles Chriti, Pavillon noir etc. Là encore, la spéculation a bien marché. 120 euros de bénéfices sur un lot de 4 Stars Wars RPG. Dingue !
    Et 2009, on s’assagit et on remonte le temps pour racheter les livres dont vous êtes le héros de son enfance. La voie du tigre, Loup solitaire, Les défis fantastique… Mais là c’est un investissement pour les garçons. Argument irréfutable 😉

  3. Effectivement, niveau place ça va encore… Finalement, il est encore relativement sain le garçon ! 😉


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