Il y a quelque chose de magique dans les rencontres impromptues que l’on fait. Un jour dans un bus, à Sydney, il y a déjà longtemps, j’ai rencontré un ancien joueur des All Blacks. Un autre jour, dans un autre bus, à Paris, j’ai vu un anglais so british, un peu poète, très poli et vraiment soul. Le type racontait à toutes les dames autour de lui qu’il les aimait. Que toutes les femmes sont belles et que la France est un pays merveilleux où les femmes sont belles, le pain et le fromage extra et le vin… divin !
Aujourd’hui, dans le métro, c’est une jeune femme qui m’a intriguée. Elle ne paye pas de mine : la quarantaine, blonde, très peu maquillée, une veste noire un peu sport. Pas de parfum, mais une vague odeur de tabac dans l’haleine, les mains nerveuses.
Un homme est monté avec son chien, un énorme Saint Bernard muselé. Sur ordre de son maître, le chien se couche, mais sur les pieds de ma voisine. Le maître s’excuse et elle lui dit de n’en rien faire. Elle est au contraire très contente de la présence rassurante du chien, « au moins on ne m’agressera pas aujourd’hui », nous dit-elle. De là, elle s’est lancé dans un quasi monologue pour me raconter (à moi, parfaite inconnue) sa mésaventure de la veille, que je m’empresse de vous compter.
Dans le métro, hier, un jeune homme s’est placé en face d’elle. Elle, gênée par sa présence, finit par bouger. De là, elle sent une gêne dans son dos, où est son sac à main. Derrière, un autre jeune la regarde bizarrement. Elle lui demande quel est le problème et s’aperçoit qu’il a son portable dans les mains. Elle ne se démonte pas et sans trop réfléchir lui dit « Oh la ! C’est mon portable ça ! Tu me le rends vite fait ! »
Le pique-pocket fait mine de lever la main pour la frapper… et c’est le drame ! En moins de temps qu’il n’en faut pour le dactylographier, le mec se retrouve l’épaule déboîtée et la moitié du wagon morte de rire. Le prédateur est devenu victime et ma voisine lui dit : « La prochaine fois que tu lèves la main sur une jeune femme sans défense, ou que tu essayes de lui piquer son portable (avec forfait millenium, merde !) demande lui donc avant son niveau de karaté ! »
J’aime cette petite anecdote parce que le sexe est peut-être faible, mais le sang est chaud 😉 On oublie un peu trop souvent que blonde ne rime pas toujours avec « un bébé dans le micro-onde » et que les arts martiaux ne sont pas le seul apanage des hommes. Ce n’est pas pour rien que légalement, une licence de karaté équivaut à porter une arme blanche.
Quelque chose à dire ?